De sommet en sommet, la Côte d`Ivoire reste plus que jamais dans l`impasse

Publié le par AFP

Quatre ans après une tentative de coup d'Etat qui a l'a coupée en deux, la Côte d'Ivoire reste plus que jamais dans l'impasse, empêtrée dans des rivalités internes contre lesquelles la communauté internationale hésite à agir fermement pour éviter d'embraser le pays.

"Au vu de la situation actuelle, je ne sais pas si la situation de la Côte d'Ivoire aura vraiment changé dans un an". Ce constat d'un ambassadeur européen est partagé par nombre d'observateurs à Abidjan, qui jugent aujourd'hui le pays plus proche d'un embrasement que d'une sortie de crise.

Enième tentative de médiation internationale de la crise ivoirienne, le sommet des chefs d'Etats de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao) de vendredi à Abuja a confirmé l'impasse actuelle.

Or le temps presse, car le Conseil de sécurité de l'Onu doit adopter ces prochaines semaines un nouveau calendrier de paix pour la Côte d'Ivoire après l'échec de la résolution 1633, qui prévoyait la tenue d'élections avant le 31 octobre 2006, un objectif rendu impossible par la persistances des blocages.

Sur le terrain, les positions semblent inconciliables entre le président Gbagbo, qui administre toujours le sud du pays, et ses opposants, dont la rébellion des Forces nouvelles qui s'est emparée du nord en septembre 2002.

"Le président Gbagbo comme la rébellion, qui se savent en sursis en cas de nouvelles élections" et de réunification du pays, "n'ont aucun intérêt politique ou financier à voir déboucher le processus de paix", constatent, amers, plusieurs diplomates occidentaux en poste à Abidjan.

Pour lever les blocages, le groupe de travail international (GTI) sur la Côte d'Ivoire a préconisé début septembre une nouvelle transition, à partir du 31 octobre, donnant l'ascendant au Premier ministre Charles Konan Banny, désigné par la communauté internationale, sur le président Gbagbo.

Ce dernier a vigoureusement réagi en dénonçant l'"ingérence" internationale, notamment celle de la France. "Leur plan a échoué (...) et les négociations sont terminées", a-t-il affirmé, en indiquant que les 11.000 soldats français et onusiens chargés de faire respecter le cessez-le-feu étaient "libres de partir s'ils le veulent". Depuis, les tensions sont montées d'un cran.

La prochaine réunion aura lieu dans le cadre de l'Union africaine (UA) le 16 septembre. "C'est là que tout va se jouer", estime un proche du président ivoirien. Selon un diplomate occidental, "il y a des chances que que le communiqué de l'UA soit encore plus faiblard que celui de la Cédéao vendredi".

"Laurent Gbagbo peut bénéficier d'une certaine solidarité africaine. De plus, le pays est à fleur de peau, et toute décision ferme risque d'entraîner des heurts. Et on ne sait pas où ça se terminera", explique-t-il.

Or l'Onu comme les pays africains veulent à tout prix éviter une reprise des hostilités, qui pourrait déstabiliser toute la sous-région, soulignent plusieurs diplomates. "Laurent Gbagbo contrôle encore les forces armées, au moins jusqu'ici", note ainsi un diplomate européen.

Quant au gouvernement français, très impliqué dans le GTI et qui compte près de 4.000 soldats en Côte d'Ivoire, "il ne veut aucun dérapage, de surcroît à quelques mois de la présidentielle de 2007", ajoute le diplomate occidental.

Dès lors, et au vu des tensions actuelles, nombre d'observateurs estiment que la communauté internationale devrait se résoudre à prolonger une nouvelle fois le mandat de Laurent Gbagbo, qui a expiré en octobre 2005, en "tandem" avec M. Banny, qui a eu bien du mal à exister politiquement jusqu'ici.

Quant aux règles de cette nouvelle transition, "on est à peu près sûr que l'Onu ou l'UA ne prendront pas le risque d'en imposer de trop contraignantes", note le diplomate occidental. "Mais le problème, c'est qu'on ne sera toujours pas capables d'organiser des élections libres en Côte d'Ivoire dans un an".

 

Publié dans crise ivoirienne

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