L'ancien porte-parole de l'Armée charge le président du parti au pouvoir

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Poursuites judiciaires, radiation de l’Armée
 
Jules Yao Yao répond à Pascal Affi N’Guessan
Dans une lettre ouverte, l’ancien porte-parole des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (FDSCI), Jules Yao Yao, répond au président du Front populaire ivoirien (FPI), l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan. Ce dernier, lors d’une interview sur RFI, avait demandé que M. Yao Yao soit radié de l’Armée ivoirienne et poursuivi. Ci-dessous, l’intégralité de la lettre du lieutenant-colonel.
« Monsieur le Premier Ministre,
Avec votre permission et pour une information équilibrée de l’opinion, je voudrais à réagir aux propos me concernant en partie, que vous avez tenus lors d’une interview accordée à RFI.
Vous avez affirmé, entre autres, que notre combat (celui du Général MATHIAS DOUE et de moi-même) s’explique par la perte des avantages matériels liés aux emplois que nous occupions et pour lesquels nous avons été débarqués.
 
J’ai aussi  lu dans un quotidien, qu’au cours d’une réunion du bureau politique de votre parti, vous avez demandé notre radiation des effectifs des Forces Armées et notre poursuite devant les tribunaux pour haute trahison.
 
Faut-il vous rappeler qu’une démarche intellectuelle de bonne foi, commence d’abord par l’étude ou l’analyse des causes d’un événement avant d’en arriver à ses effets.
Or, ce que je note avec regret dans votre approche de ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire DOUE-YAO YAO», vous feignez d’ignorer ce qui s’est passé dans la  nuit du mardi 28 au mercredi 29 juin 2005, où, un Officier Général  à la retraite et des Officiers Supérieurs ont été interpellés au mépris des règles qui fondent un Etat de droit.
Même la mort du Colonel Major TRAORE BAKASSA, à moins que je ne m’abuse, n’a fait l’objet d’aucune réaction du bureau politique de votre parti. Un tel comportement atteste de votre incapacité à transcender votre cadre partisan, pour vous inscrire dans des perspectives nationales, attitude qui devrait caractériser tout parti politique digne de ce nom.
C’est peut être pour cette raison que votre avènement au pouvoir a été source de rébellion avec la partition du pays depuis le dernier semestre de 2002 et que la partie sud, que l’action commune et l’engagement républicain des Forces de Défense et de Sécurité a permis de maintenir dans un cadre de droit, commence elle aussi, à évoluer vers un état de non droit, avec la terreur, les violences de rue, les meurtres, les mélanges de genres, l’esprit partisan et clanique, que vous entretenez et  qui caractérisent votre mode de gouvernement.
Je suis d’autant plus étonné de vos propos et de votre démarche, car, il  y a un peu moins de trois mois, à votre demande, je me suis rendu à votre domicile pour partager mes analyses sur l’évolution du programme de désarmement.
Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que vous m’invitiez à ce genre d’entretien à votre domicile et nos discussions ont toujours été ouvertes et franches. Je ne me suis jamais départi de ma logique de conduire mes analyses, en ayant en permanence pour main courante, l’intérêt général, la certitude des faits et de la raison.
Au demeurant, j’ai déjà eu à échanger de manière franche et ouverte avec :
-          Le Ministre d’Etat, Ministre des Mines et de l’Energie, Monsieur EMMANUEL MONNET. Je l’ai rencontré et connu, quand j’assurais le rôle de Secrétaire permanent du Comité Interministériel d’Echanges et de Développement (CIED), l’une des structures de crise qui a œuvré à permettre la poursuite des activités économiques et de services dans le nord du pays, malgré la guerre.
-          Le Ministre ASSOA ADOU des Eaux et Forêts. Je l’ai approché et servi lors de son intérim à la tête du Département de la Défense.
-          Le Ministre AMANI N’GUESSAN de l’Education Nationale, enfin. J’ai fait sa connaissance, à l’occasion de l’organisation de la reprise des activités scolaires dans les zones sous contrôle des Forces Nouvelles, en février 2004 et je l’ai énormément aidé à convaincre les enseignants à retourner dans les zones nord.
Je me suis toujours honoré de la considération que vous avez tous eue pour moi.  Vous pouvez attester que je n’ai pas l’âme d’un traître, bien au contraire.
Je ris des insinuations, des amalgames et de la mauvaise image, que des journaux et certains journalistes proches de votre bord, s’efforcent à suggérer à l’opinion pour me salir et me détruire. Ils sont nombreux, les journalistes qui ont été en contact direct avec moi et s’ils ont quelques notions de psychologie, ils ont alors pu sonder ma nature profonde et celle de mon âme.
Il est vain que l’on cherche à m’opposer aux populations, car, ma contribution au maintien des Institutions de la République et de votre régime au pouvoir, est un fait mille fois avéré.
Si vous aviez eu la hauteur d’esprit de prendre en compte d’autres sons de cloche, comme l’exige le fonctionnement d’un Etat de droit, d’un Etat démocratique riche de ses différences et de ses sensibilités, avant de décider, nous n’en serions pas là, avec cette adversité dans laquelle vous vous complaisez, en préférant au dialogue social, l’affrontement, la fuite en avant et les pratiques non orthodoxes de contournement.
Aujourd’hui, vous ne pouvez pas revendiquer plus de 25% de cote de popularité, pour espérer conduire les destinées de la Côte d’Ivoire, pendant un autre mandat de cinq ans. Vous rêvez d’un passage en force que vous ne réussirez pas. Personne n’est dupe pour comprendre que le limogeage du Général MATHIAS DOUE et son remplacement par PHILIPPE MANGOU procède de cette tactique. Elle échouera parce que de nombreux hommes de devoir ; épris de justice et de paix, veillent au grain. Votre régime a tenté de me liquider parce que j’avais bien compris ce plan et que je n’avais pas accepté de m’y inscrire.
Or, pour que vous ne soyez pas rattrapés par les crimes de sang et les désolations que votre règne a semés, il vous faut vous maintenir au  pouvoir.  Telle est votre équation.
Je vous rappelle qu’il n’y a pas de prescriptions pour les crimes de sang et quoi que vous fassiez, ce contentieux là devra être vidé et les comptes au passif du  GRAND LIVRE DE COMPTABILTE MORALE DE LA COTE D’IVOIRE que votre régime a ouverts, doivent être soldés. Ce sont là, les conditions minimales pour des élections justes, transparentes et ouvertes en octobre 2005. La communauté internationale l’a déjà intégré.
Non ! Je ne suis pas un traître, un vendu, encore moins un lâche. Je suis un homme de devoir, foncièrement jaloux de son indépendance d’esprit. Mon appartenance aux FDS ne procèdent pas d’un militantisme politique. Personne, en dehors de mes parents, ne peut soutenir qu’il m’a apporté un quelconque appui pour une quelconque promotion.
Je voudrais vous rappeler qu’en 1979-80, alors que j’étais Elève Ingénieur en deuxième année à l’Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécommunications (ENSPT), vous êtes arrivé de France (hélas ! de France, votre ennemie d’aujourd’hui) en même temps que le Ministre LOUA BI DOUA YOUA, pour assurer le rôle de professeur débutant dans cet établissement. Inscrit en spécialité  «COMMUTATION», vous n’avez pas eu à m’enseigner directement.
Ce que j’ai retenu de cette époque, à travers le Ministre LOUA BI DOUA YOUA et vous même, est que la Côte d’Ivoire se donnait les moyens de relever le défi de l’acquisition des connaissances qui précède obligatoirement l’appropriation des technologies et des savoir faire, en formant des cadres dans les technologies les plus pointues de l’époque.
La plupart des élèves de ma promotion étaient très fiers de vous deux, puisque votre parcours nous ouvrait des perspectives. C’était la belle époque du mérite par le travail, de la différenciation sociale par l’école, du respect et de la protection de la vie humaine, sous la houlette d’un homme  éclairé, un homme de vision : FELIX HOUPHOUET BOIGNY.
Aujourd’hui, ce que votre parti propose aux jeunesses ivoiriennes, ce sont des agoras et des sénats où, à longueur de journée, l’on s’essaye aux élucubrations politiques, aux injures, aux invectives, quand on ne devient pas miliciens, membres des ESCADRONS DE LA MORT ou syndicaliste estudiantin à vie pour terminer ministre de la rue.  Au passage, on empêche ceux qui ont envie d’apprendre d’accéder aux connaissances.
Et bien plus tard, quand on se rend compte que les petites activités de génération de revenus ou les terres les plus fertiles de la Côte d’Ivoire ont été occupés par des allogènes nationaux ou étrangers, alors, on prétexte des arguties de toutes sortes ou d’actions de violence pour revendiquer les terres et le fruit d’un travail qu’on a pas produit, quand on ne met pas tout simplement le feu aux activités de ceux qui veulent survivre par leur travail (incendies de la casse d’ADJAME).
Quelle tristesse que ce nationalisme débridé, doublé d’un chauvinisme ou d’un patriotisme étriqué que vous proposez aux Ivoiriens, à une époque où la tendance lourde du monde est à l’ouverture, au partage et à la création des grands espaces économiques !
Cela étant, je vous rappelle et je rappelle à tous ceux qui sont alignés par mimétisme et suivisme sur votre position, que j’ai été battu à défaut d’avoir été assassiné. Les preuves sont consignées dans un rapport et une lettre adressée respectivement au CEMA et au Ministre de la Défense.
J’ai été particulièrement contristé  de noter qu’aucun d’entre vous (ceux que je considère comme mes aînés du FPI, pétris de morale, de bon sens et de connaissances), n’a eu l’amabilité de m’appeler pour regretter  et me soutenir dans ce que le Ministre KADET BERTIN qualifie de «simple incident avec quelques soldats».
A la vérité, c’est que vous tous, cadres brillants et émérites du FPI (et je sais qu’il s’en trouve), êtes sous le joug, sous la menace permanente des ESCADRONS DE LA MORT. Vous semblez hypnotisés et pour certains, en état d’hibernation prolongée. Vous n’avez aucune liberté de pensée, encore moins d’actions. Vous êtes victimes des mêmes menaces qui ont été exercées sur moi et qui m’ont poussé à la clandestinité.
Dans le secret de votre cœur, vous souhaitez ardemment que le combat que je mène, aujourd’hui, triomphe du régime auquel vous êtes tous ligotés malgré vous mêmes, après avoir, par votre silence coupable, contribué à la création de l’hydre, du dragon «ESCADRONS DE LA MORT».
La preuve de ce que j’avance, découle de cet entretien que vous et moi avons eu, après votre retour de LINAS-MARCOUSSIS, entretien tenu à votre ancien domicile de fonction, en présence du Lieutenant-Colonel KOUASSI PATRICE.
Rebondissant sur une de mes analyses, vous avez eu à dire à peu près ceux ci : « Les militants du parti ne savent pas que la signature de l’Accord de LINAS-MARCOUSSIS a permis au FPI de sauver son régime. Même si le Gouvernement a été dissous, le FPI continue d’avoir la mainmise sur les autres Institutions de l’Etat. La France cherchait à nous décapiter et je pense qu’il faut que les militants acceptent de se contenter de ce compromis politique, qui nous permet de nous maintenir dans les rouages de l’Etat ».
Ce que je retiens, est que cette ligne de conduite très brave, très généreuse, empreinte de beaucoup de sagesse et de bon sens, vous ne l’avez soutenue que pendant quelques semaines, avant de prendre un virage très serré à 180°. Non pas que votre avenir politique à la tête du FPI était en jeu, mais, parce que, j’en suis convaincu, des menaces ont été proférées contre vous par les ESCADRONS DE LA MORT, le dispositif d’autorité du régime, à défaut de disposer d’une autorité naturelle acceptée et partagée par tous.
Pour revenir à votre interview sur RFI, je voudrais m’interroger relativement aux avantages auxquels vous faites allusions. Car, si j’ai bel et bien été débarqué du rôle de porte parole, en revanche, je n’ai jamais été démis du Poste de Directeur des Télécommunications et des Systèmes d’Information (DTSI). J’en suis parti de moi-même, parce que l’humiliation que m’ont fait subir les membres des ESCADRONS DE LA MORT, avait suscité en moi un tel dégoût, que je n’ai plus eu envie de rien.
Les avantages en tant que DTSI sont ceux que perçoivent tous  les Directeurs d’Administration Centrale. A l’inverse, en tant que porte parole, je percevais le double de la prime de guerre (appelée « HAUT LES CŒURS »), soit 6000 FCFA par jour. Ce doublement s’explique essentiellement par les risques auxquels le porte parole est exposé. Aussi, a-t-il été admis par l’Etat-major que le Porte parole perçoive  le même montant de prime que les hommes du front. En tant que DTSI, je représentais le Ministère de la Défense au Conseil d’Administration de l’ATCI. Cette activité m’assurait des jetons de présence, mais en contrepartie d’un travail que je fournissais.
Et puis, vous commettez une grave erreur à poser les problèmes en termes d’avantages matériels et de vengeance. Cela est très regrettable de la part d’un ancien Premier ministre qui sait que les avantages liés à une fonction ne sont que la juste rétribution du travail qui est produit par le titulaire de la fonction.
A moins que la REFONDATION ne réinvente les principes, ce qui justifierait que des véhicules de grande marque (BMW, PORSH, MERCEDES COUPEE et autres) fassent l’objet de collection de la part d’individus, dont le seul mérite est d’être dans la proximité du Prince régnant.
C’est dommage, Monsieur AFFI N’GUESSAN, qu’en pleine crise, au moment où vous demandez aux populations de faire des sacrifices, voire de donner leur vie pour la sauvegarde des Institutions, certains cadres et certains membres de votre parti, s’en donnent à cœur joie aux aspects jouissifs du pouvoir. On multiplie les acquisitions de biens immobiliers, de voitures de marque, de même que les mariages avec de jeunes MISS, dont on aurait bien pu être le père, voire le grand-père. Après, on viendra se plaindre de prostate, d’infidélités et de quoi d’autres encore.
Alors, dire que la posture du Général DOUE et de moi-même, procède de la perte d’avantages matériels, me paraît un argument très léger et sans consistance  pour une interview à portée internationale.
De même qu’en demandant au cours d’un bureau politique de votre parti, que nous soyons rayés des effectifs des FDS, vous enfonciez là, une porte déjà ouverte, puisque des procédures existant au sein des FDS, règlent la question. Et puis, une telle démarche appartient au Gouvernement et non à un parti politique.
En décidant de soustraire ma vie à l’action des ESCADRONS DE LA MORT, j’étais tout à fait conscient de certaines conséquences. La question de bon sens que je me suis posée est de savoir si j’accepte de me faire tuer pour des avantages matériels ? Et quel peut être l’intérêt des avantages matériels pour un mort ?
C’est pourquoi, dans ma lettre adressée au ministre de la Défense, le 15 juillet 2005, je lui ai fait savoir que n’ayant pu compter sur la protection de la hiérarchie, dans une situation où toutes les preuves d’un projet d’assassinat sur ma personne sont rassemblées, j’ai été obligé de me mettre à l’abri avec ma famille. Je lui ai aussi notifié que ce départ ne devait pas m’être opposé comme une désertion, car il s’agissait d’abord, de sauver  ma vie et celle des miens.
Alors, si cela peut vous faire plaisir, sachez que ma solde a été suspendue depuis le 15 août 2005, par décision du Chef d’Etat-major des Armées, à l’insu très probable du ministre de la Défense, ce qui est illégal.
 
Monsieur le Premier Ministre, voilà comment votre parti conduit les affaires de la République. Tout le monde a connaissance d’un d’incident avec mort d’homme et exactions sur un Officier supérieur. L’importance de l’affaire est telle, qu’elle est même traitée en Conseil des Ministres. Aucun Officiel du Gouvernement, en l’occurrence le Ministre de la Défense, ne me demande de revenir, en me donnant les gages nécessaires de sécurité. C’est Monsieur KADET BERTIN, Conseiller du Président de la République, qui dans une interview à un quotidien, me demande de venir reprendre mon poste. Or, c’est le même Monsieur KADET qui dresse les listes des hommes estimés dangereux pour le pouvoir, qu’il faut abattre.
Je décide de rester dans ma planque, de me défendre comme je peux pour que la vérité triomphe et cette attitude est considéré comme un crime de lèse majesté, justifiant qu’on me fasse passer de la position de victime à celle d’accusé. Extraordinaire ! Pendant combien de temps encore, croyez vous que les choses vont fonctionner de manière aussi incohérente.
Pour couronner le tout, c’est votre filleul, le Commissaire du Gouvernement  près le Tribunal Militaire d’Abidjan (TMA), le Capitaine de Frégate ANGE KESSY, qui a reçu copie du rapport que j’ai adressé au CEMA, le 04 juillet 2005, qui entre en scène, pour mettre en œuvre vos décisions politiques, alors que cette affaire qui avait été rendue publique dès la soirée du mercredi 29 juin 2005, aurait dû l’amener à une réaction prompte et exemplaire relevant de ses compétences au plan légal.
Aujourd’hui, il avance que je dois porter plainte et désigner mes agresseurs. Mais, comme j’ai déjà eu à le dire, quand on vous bat comme je l’ai été, votre préoccupation première est de vous protéger, plutôt que de chercher à vous remémorer le visage de vos tortionnaires.
En réalité, si le Commissaire du Gouvernement voulait connaître ceux qui m’ont battu, il en a les moyens, car, l’interpellation de la nuit du mardi 28 au mercredi 29 juin 2005, qui a conduit aux «incidents regrettables», a été commandée par le CEMA et exécutée par la Garde Républicaine.
C’est au vu et au su de tous ceux qui étaient présents au poste de garde de la résidence privée du Chef de l’Etat à COCODY, que j’ai été séparé des deux autres interpellés, pour aller subir mon traitement spécial.
Le CEMA le sait, tous le savent. Mais, le brave Commissaire du Gouvernement, prompt à s’autosaisir pour d’autres affaires, n’osera jamais mettre le doigt, là où le CEMA lui-même, refuse de mettre le sien : dans la grave et sensible question des tueurs du palais, des ESCADRONS DE LA MORT.
Je me plais à rappeler que je suis d’une modeste origine. Enfant, mon complément alimentaire (déjeuner et goûter) était constitué de margouillats, de grillons, de termites ailées braisés, de fruits domestiques et sauvages. C’est pourquoi, le personnage de TOM SAUYER du roman de l’américain SAMUEL LANGHOME CLEMENS DIT MARK TWAIN, a été et reste mon modèle.
Ce mode de vie que j’ai eu à partager avec la plupart des ivoiriens y compris vous même (car, à quelques exceptions près, la grande majorité des ivoiriens aujourd’hui aux affaires, est d’origine modeste), a forgé mon âme, mon caractère et ma conduite. Mes souvenirs d’enfant qui manquait de tout, gouvernent ma vie et je poursuis entre autres, un idéal de courage, de générosité et d’assistance aux plus faibles. Je ne rejette pas la bonne chair et les plaisirs de la vie. Mais, cela ne m’empêche pas de voir la vie sur les plans élevés de la morale, de la solidarité et de l’intérêt général.
Si la suspension de ma solde doit me conduire à renouer avec les pratiques de mon enfance, croyez-moi, il en sera ainsi. Quoi qu’aujourd’hui avec le « GARBA », personne ne meurt de faim.
Pour finir, Monsieur le Premier Ministre, je voudrais tout simplement vous faire retenir, que l’édification de tout destin de grande portée, nécessite des contributions nombreuses, diverses, parfois très curieuses, le plus souvent à l’insu du bénéficiaire. Ces contributions s’entremêlent, s’entrechoquent, s’opposent et se complètent pour la réalisation, l’aboutissement et l’achèvement de la stature du personnage qui incarne un tel destin pour l’intérêt du peuple.
C’est pourquoi, parvenu a la dignité de Président de la République et de Chef de l’Etat, on ne gouverne pas  au profit d’un groupe et d’un clan, mais au profit de tous et surtout au profit de ses adversaires. On tend la main à un ennemi blessé. On ne l’achève pas, tout comme on n’humilie pas et on ne rejette pas ceux qui ont contribué à votre ascension ou à son maintien.
EISENHOWER, CHURCHILL, de GAULLE et bien d’autres héros de la Deuxième Guerre Mondiale, sont le produit des angoisses, des souffrances, des cruautés et des espérances que ce grave événement a générés au milieu du siècle dernier.
Vous aviez le devoir, en tant que parti au pouvoir, de transformer les angoisses, les doutes, les douleurs et les souffrances, en un mot l’adversité, en espérance pour tout le peuple ivoirien.
Relisez la déclaration conjointe du 04 juillet 2003, les militaires vous avaient donné les solutions au drame ivoirien. Malheureusement, vous avez manqué cette occasion, car, votre préoccupation était celle du ventre.   
Plaise à DIEU.
COLONEL YAO YAO JULES AHOUSSOU

Publié dans crise ivoirienne

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