Lakota prend position sur la candidature de Gaza Gazo à la présidentielle

Publié le par vicky delore ndjeuga

Candidature de Gaza Gazo à la présidentielle ivoirienne
 
Des notables de Lakota prennent position
 
Une délégation de notables de la ville de Lakota s’est rendue, récemment, dans les locaux de L’Intelligent d’Abidjan. Selon le patriarche Zirimba Azawa, porte-parole de la délégation d’environ cinq personnes, il s’agit de donner la position de la notabilité sur la candidature du maire de la ville, Gaza Gazo, à la future élection présidentielle. Entretien.
 
Qui êtes-vous ?
 
Je suis le patriarche Zirimba Azawa. Je suis planteur et notable à Lakota.
 
Justement, la candidature d’un fils de Lakota, Gaza Gazo, fait des vagues. Qu’en penez-vous ?
Effectivement, la candidature de notre fils, Gaza Gazo, fait beaucoup de bruit. A Lakota, à peine ils ont appris la nouvelle que certains groupes ont monté des jeunes. Ceratains ont parlé de lui interdire tout séjour en Côte d’Ivoire, d’autres ont menacé de s’en prendre à ses biens. Beuacoup de choses ont été dites. Mais,nous n’avons pas compris cette frénésie. Parce qu’en ce qui nous concerne, être président de la République, c’est d’abord une ambition, une promotion personnelle. C’est-à-dire qu’on passe parfois de zéro franc à 27 milliards de fonds de souveraineté. On gère un budget national qui s’élève à environ 2000 milliards. On est logé nourrit… Et quel homme ne rêve pas d’une telle situation ? Toute personne ambitionne d’être heureux ! A partir de là, nous disons que Gaza a une ambition personnelle, il veut servir son pays et on ne peut l’en empêcher.
 
En outre, nous sommes dans un pays démocratique où chacun est libre de poser sa candidature à la présidence de la République, s’il pense qu’il en a les moyens intellectuel, financier et matériel. Par contre, ce que nous refusons à Lakota, c’est qu’il ne faut pas en faire une affaire de Lakota. Gaza veut être le président de la République de Côte d’Ivoire. Or, ce n’est pas Lakota qui élit quelqu’un président de la République de Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire, c’est 322 000 km2, avec environ 17 millions d’habitants. C’est tout ce monde qu’il faut rallier à sa cause pour être président de la République. Donc, il ne s’agit pas d’un problème de Lakota.
 
Selon vous, pourquoi la candidature de Gaza provoque cette levée de boucliers ?
 
Ceux qui s’excitent y ont sans aucun doute leurs intérêts. Mais, nous, nous ne voyons aucun inconvénient que Gaza soit candidat à la tête de l’Etat. Ce que nous disons, c’est que s’il réunit toutes les conditions et qu’il veut être chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, ça c’est son problème. Mais, nous à Lakota, ce n’est notre problème en tant que tel. C’est vrai, c’est un fils de Lakota qui veut être président de la République. C’est une affaire nationale, il ne faut pas en faire des frustrations.
Notre problème à Lakota n’est pas où les gens veulent nous embarquer. Nous avons d’autres préoccupations. Car, la politique a déçu les populations de Lakota. Les politiciens nous ont décus.
 
Et pourquoi ?
 
Ce n’est pas le fait de nommer un ministre dans une région qui fait développer la région. Etre ministre est d’abord une promotion personnelle. Ce n’est pas toute la région qui bénéficie de cette promotion. Or, notre problème, c’est un problème de développement.
 
Je vais vous dire pourquoi nous sommes déçus de la politique. Si vous regardez dans le livre des pionniers de l’indépendance, vous verrez les tondus de Niambezaria, les premières victimes de l’indépendance de la Côte d’Ivoire sont venues de Lakota. Pendant les indépendances, c’est Lakota qui a été victime, à travers les tondus de Niambezaria. Chaque fois qu’il y a un événement politique grave dans le pays, c’est Lakota qui paie le plus lourd tribut. Un autre exemple est la guerre que nous vivons actuellement. Sur tous les ministres du gouvernement, c’est le ministre Emile Boga Doudou, un fils de Lakota, qui a été tué.
 
Mais, quand il s’agit de partager le gâteau, Lakota est loin en arrière. Tenez, la route qui part de Lakota à Sassandra, en passant justement par le village de Niambezaria, n’est pas bitumée. Les gens de Niambezaria ont ainsi été sacrifiés pour rien. Les routes Lakota- Guitry, Lakota -Zikisso ne sont pas bitumées. Nous sommes enclavés, même la route qui quitte Abidjan pour aller à Gagnoa ne passe pas à Lakota ! Quand on dit que la route précède le développement, Lakota n’en bénéficie pas !
 
C’est pourquoi nous disons que notre problème n’est pas politique, il s’agit d’une question de développement. Celui qui nous intéresse, c’est celui qui est en mesure de nous apporter le développement.
 
Pour certains, la candidature de Gaza Gazo serait une trahison pour le président Laurent Gbagbo…
 
Trahir ou pas trahir, seuls les politiciens savent ce qu’ils font entre eux.  Quand vous ne marchez pas avec les gens, vous ne pouvez pas savoir qui a trahi qui. Ceux qui parlent de trahison ne connaissent pas les relations qui unissent Gbagbo à Gaza. De même Laurent Gbagbo a été libre d’être candidat du temps où il était dans l’opposition, de même Gaza est libre de se présenter. Ce n’est pas parce que des gens marchent ensemble que l’un n’a pas le droit de se présenter.
 
 
Est qu’en tant que patriarche de Lakota, soutenez-vous la candidature de Gaza Gazo ?
 
La candidature de Gaza Gazo, nous l’avons apprise sur les antennes. Gaza est un fils de Lakota, nous attendons qu’il nous convoque et qu’ils nous le dise personnellement qu’il est candidat. A partir de ce moment-là, nous aurons notre mot à dire. Mais, dans tous les cas, c’est notre enfant. Et personne ne rejette son enfant, si vous avez un enfant qui a des ambitions et de nobles ambitions, vous ne pouvez pas lui dire « nous on n’a pas besoin de toi on te rejette. » C’est du jamais vu.
 
Est-ce que vous pensez qu’il a les moyens de son ambition ?
 
Mais oui, comme tout cadre. Parce qu’on peut sortir de l’anonymat pour être chef de l’Etat. On  peut sortir de la prison pour être chef d’Etat de n’importe quel milieu pour être chef de l’Etat, tout ça c’est une question de Dieu c’est la volonté de Dieu. Donc, nous pensons que s’il dit lui-même qu’il est candidat, ça veut dire qu’il a les moyens de sa candidature. C’est un intellectuel, s’il veut faire quelque chose, c’est qu’il en a les moyens.
Mais, nous attendons son arrivée qu’il vienne pour nous dire ce qu’il en est effectivement. En ce moment, nous, en tant que parents, on réagira.
 
Lakota est déçu par la politique. Qu’est-ce qui vous préoccupe, maintenant ?
 
Ce qui est important, ce ne sont pas les candidatures au plan national. Parce que quand on est président de la République, on n’est pas président d’une localité, on est président de la nation. Ce qui nous intéresse, nous à Lakota, tel que je l’ai dit plus haut, la politique ne nous a rien apporté depuis les indépendances jusqu’aujourd’hui. Sinon,  elle nous a apporté que des malheurs.
Nous voulons que nos fils s’intéressent à la région, qu’ils viennent en aide à la région. Qu’ils nous enlèvent dans la léthargie dans laquelle nous sommes, parce que si la politique a échoué, c’est nos enfants qui peuvent faire en sorte que la région soit développée.
Je prends le cas de Djiriga Diahi Jules. Il est fondateur d’établissements, il n’a jamais été ni député ni maire ni conseiller régional. Il n’a jamais sollicité un mandat électif, mais ce qu’il a réalisé à Lakota est impressionnant. A vol d’oiseau, il a électrifié différents villages avec son propre argent. C’est le cas des cinq villages regroupés de Dahiri. Il a également électrifié les cinq vilages de la tribu Ziaboua, Dogohiri, Koudoulilié, Oliziriboué… Il a électrifié tous ces villages de sa propre poche.
Djiriga Diahi Jules a donné des tables bancs à plusieurs les établissements à Lakota. Il a fait la tombe de Gnaléga Jérémie. Lorsque le père de Gbagbo est décédé, c’est lui qui a payé la contribution financière des chefs coutumiers pour se rendre à Mama.
 
Après l’enterrement du premier cadre de Lakota, en la personne de Gnaléga Jéremie, et vu tout ce que Djriga Diahi a fait, la population de Lakota devait se déplacer pour le remercier de façon particulière. Cela n’a pu être fait.
Aujourd’hui, nous profitons de l’occasion qui nous est offerte pour lui dire merci, au nom de toute la population, et l’encourageons à faire toujours davantage.
 
Tout récemment, avec la guerre qui secoue le pays, il a pris 1000 enfants gratuitement dans ses établissements scolaires. C’est ce type de cadre que nous voulons. C’est-à-dire quelqu’un qui s’intéresse au développement local.
 
Est-ce à dire que la refondation ne vous a pas également satisfait ?
 
Nous parlons de la politique au plan global. Depuis les indépendances, aucun président n’a rien fait pour Lakota. Même la ville de Lakota n’est pas bitumée. Nous n’épargnons personne. J’insiste pour dire que nommer des ministres dans une région n’est pas signe de développement.
 
Propos recueillis par Vicky Delore
 
 
 

Publié dans crise ivoirienne

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