la reprise de la guerre se confirme

Publié le par vicky delore ndjeuga

Achat d’armes, viol de l’embargo, blocage du DDR…
L’option de reprise de la guerre se précise
 
La solution négociée rencontre de plus en plus du mal à mettre fin à la crise qui secoue la Côte d’Ivoire, depuis le 19 septembre 2002. Les actes de défiance des protagonistes envers les accords de paix, de la médiation et de la communauté internationale semble indiquer que loyalistes et rebelles sont résolus à vider leur contentieux par la force des armes. Analyse.
 
L’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) lâche le gros mot morceau, début juillet 2005, du matériel de guerre destiné aux Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (FDSCI) a été saisi au port d’Abidjan. Il s'agit du premier cas confirmé de matériel militaire (22 jeeps et plusieurs caisses de munitions) importé en violation de l'embargo imposé en novembre par le Conseil de sécurité de l'ONU. L'incident a été signalé à la commission des sanctions de l'ONU à New York.
 
Au mois de juillet dernier, la presse israélienne, notamment le quotidien «Ha'Aretz », a révélé que des enquêteurs de l’ONU s’étaient rendus en Israël dans le cadre d'une information sur l'implication éventuelle d'hommes d'affaires et d'entreprises israéliennes dans la vente d'armes à la Côte d'Ivoire, en violation de l'embargo onusien sur les armes. Le ministère israélien de la Défense a reconnu le fait et a assuré de sa bonne volonté pour coopérer à cette enquête.
 
Révélations embarrassantes
 
En plus les déclarations du responsable de l’agence gouvernementale sud-africaine chargée des ventes d’armes devant les députés de son pays, le jeudi 4 août 2005 sur la vente d’armes à la Côte d’Ivoire sous embargo confirme que le pouvoir d’Abidjan, là de voir la rébellion désarmer prend ses précautions.
 
Surtout que de l’autre côté du rideau de fer, les rumeurs les plus folles font état de livraison massive d’armes aux hommes de Guillaume Soro.  La rébellion se serait renforcée en hommes et en matériels de guerre. Ce qui expliquerait les déclarations et les actes guerriers de Guillaume Soro, depuis son retour à Bouaké, le 21 juillet.
 
A la différence des forces loyalistes, les contrôles inopinés des forces impartiales dans les sites FN n’ont pas encore révélé la présence de ces nouveaux équipements.
 
Malgré les engagements pris à Prétoria, en faveur d’un désarmement sans condition des 42 500 combattants de la rébellion qui contrôle la moitié Nord du pays, et des 5 500 recrues loyalistes depuis le coup d’Etat manqué contre le régime du président Gbagbo, le 19 septembre 2002, la rébellion est revenue sur sa volonté de ne pas déposer les armes avant la présidentielle annoncée du 30 octobre 2005.
 
Cette position a été réaffirmée, le 30 juillet à Abidjan, par le chef d’état major des FN, lors d’une rencontre entre les deux forces, sous la direction du Programme national du désarmement.
 
«La position au niveau des Forces Nouvelles est que le pré regroupement ne sera effectif, que lorsque les lois seront votées, conforment aux accords de Pretoria et de Linas Marcoussis, bien entendu », a indiqué Soumaïla Bakayoko. 
 
Refus de désarmer
 
 
En outre, le gouvernement ivoirien a annoncé lors du conseil des ministres extraordinaire du lundi 1e août 2005, que les Forces de défense et de sécurité (FDS, gouvernementales) vont changer d'uniformes pour une meilleure distinction entre les soldats de service et les individus non militaires en treillis.
 
Selon plusieurs sources proches du pouvoir, l’armée ivoirienne serait, aujourd’hui, au faîte de sa puissance. Les dernières attaques d’Anyama et d’Agboville ont permis de juger de la puissance de feu des Fanci. En l’espace de quelques heures, ces deux localités ont été reprises, le 29 juillet dernier, après être tombées sous le contrôle de mystérieux individus non identifiés.
 
Nos interlocuteurs affirment que l’aviation ivoirienne, qui avait été presque neutralisée, au lendemain des événements de novembre 2004, aurait aujourd’hui, plutôt fière allure.
 
Avec l’embourbement du processus de paix au plan politique, la motivation serait de plus en grande chez les soldats, qui seraient plus que jamais décidés à en découdre. Au lendemain des attaques d’Anyama et d’Agboville, des officiers loyalistes avaient émis le vœu de poursuivre les assaillants jusque dans leurs derniers retranchements.
 
Puissance de feu
 
 
Et pour le pouvoir d’Abidjan, cela ne fait l’ombre d’aucun doute, les agresseurs ne sont rien d’autre que des éléments de la rébellion des Forces nouvelles. Guillaume Soro et ses hommes ont toujours rejeté toute responsabilité dans ces attaques.
 
Les joutes oratoires et les circonvolutions entre les belligérants de la crise indiquent que la voie pacifique de sortie de crise ne semble plus être à l’ordre du jour. « Que l’Onuci cesse de distraire les Ivoiriens », indique la rébellion après les évènements des 28 et 29 juillet dernier. Et ironiques, les Forces nouvelles tournent presque en bourrique, les menaces de sanctions onusiennes, car elles n’y croient vraiment plus. «Il paraît que Monsieur communauté internationale menaces les Forces Nouvelles, et s’apprêterait à prendre des sanctions contre Guillaume Soro et ses amis », s’étonne la rébellion. 
 
Face au blocage du processus de paix, les regards se tournent vers le médiateur sud-africain. Le président Thabo Mbeki saura-t-il trouver les moyens et la stratégie qu’il faut, pour faire entendre raisons aux belligérants ivoiriens ?
 
Vicky Delore

Publié dans crise ivoirienne

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