Soro sur la ligne rouge

Publié le par vicky delore ndjeuga

Sécession
Soro sur la ligne rouge
 
Les intentions du leader de la rébellion des Forces nouvelles se précisent. Depuis son retour à Bouaké, Guillaume Soro multiplie les actes qui vont dans le sens de la partition définitive de la Côte d’Ivoire.  Sous le regard distrait de la communauté internationale. Explications.
 
Après un séjour d’environ cinq mois hors de son fief de Bouaké, -mais dans des destinations inconnues – Guillaume Soro a annoncé à son retour, le 21 juillet 2005, d’importantes mesures.
La rébellion, qui contrôle la moitié Nord du pays, depuis le coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002 contre le régime du président Laurent Gbagbo, a enregistré, le 24 juillet, ses deux premiers généraux. Alors que les localités d’Anyama et d’Agboville subissaient des attaques meurtrières de mystérieux assaillants.
 
Outre Michel Gueu et Soumaïla Bakayoko, promus généraux par la seule volonté de Guillaume Soro, plusieurs autres chefs de guerre se sont vu bombarder à des grades supérieurs. Un acte de défiance qui montre que la rébellion a passé la vitesse supérieure.
 
Après l’ouverture de l’Ecole de police, la formation de 600 éléments pour la sécurité par les forces de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et la décision de ne pas déposer les armes avant les élections, Guillaume Soro laisse entrevoir une alternative : soit le président Laurent Gbagbo démissionne. Et l’objectif de la rébellion armée, depuis le 19 septembre 2002 est atteint. Soit Laurent Gbagbo garde le pouvoir, mais avec moins de la moitié du territoire sous son contrôle ; mieux avec la partition définitive du pays.
 
Sur la question, il y a un an, le président Gbagbo avait fait une sévère mise en garde, en indiquant que la sécession était la ligne rouge à ne pas franchir. Force est, cependant, de constater que même s’il ne dit pas, le refus de désarmer, le boycott systématique des activités gouvernementales par le patron de la rébellion, la consolidation de son armée… sont des signes qui ne trompent pas.
 
Il ne reste plus que quelques éléments au chef des Forces nouvelles pour réunir les éléments constitutifs d’un Etat à part. Il s’agit, entre autres, d’une carte d’identité, d’un passeport, d’une monnaie, d’un système éducatif (qui existent déjà sous forme embryonnaire), un hymne national… pour dépasser largement la ligne rouge.
 
Et si Soro peut se permettre de confectionner des grades militaires, tout le reste est possible.
 
Vicky Delore
 
ENCADRE
 
Mépris légendaire contre la communauté internationale
 
La rébellion agit avec toute la sérénité. Rassurée qu’elle est par la présence des quelque 6000 casques bleus et 4000 soldats français de l’Opération Licorne. Leur mission, veiller au respect du cessez-le-feu et s’opposer à toute confrontation entre belligérants.
En dépit des menaces de sanctions onusiennes contre les auteurs des blocages du processus de paix, la rébellion s’entête dans sa logique suicidaire. Et cet extrait tiré du site de la rébellion indique clairement que Guillaume Soro et ses hommes n’ont désormais plus peur de rien.
«Il paraît que Monsieur communauté internationale menaces les Forces Nouvelles, et s’apprêterait à prendre des sanctions contre Guillaume Soro et ses amis. Les raisons, ceux qui envisagent les sanctions contre les Forces Nouvelles n’arrivent pas à s’expliquer que le pré regroupement programmé pour le 31 juillet dernier n’ait pu avoir lieu. Précisons que pour ces adeptes des sanctions contre les Forces nouvelles, seules les Forces nouvelles devraient se pré regrouper la dernière fois. Or, elles ne l’ont pas fait. Donc « Communauté internationale » va les sanctionner. Pour si peu ! Chez les Forces nouvelles, personne ne va s’émouvoir parce que des gens parlent de les sanctionner. Pourquoi, d’ailleurs devrait-on s’inquiéter pour une cause juste ?
Les Forces nouvelles sont engagées dans leur combat depuis le 19 septembre 2002 ».
Décidément, cela ne fait l’ombre d’aucun doute, la médiation sud-africaine a encore du pain sur la planche.
                                                                                                                   V.D

Publié dans crise ivoirienne

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