Le scrutin du 30 octobre n’aura pas lieu

Publié le par vicky delore ndjeuga

 
Election présidentielle
 
 
Le scrutin du 30 octobre n’aura pas lieu
 
La présidentielle du 30 octobre n’aura pas lieu. Du moins si on s’en tient aux conclusions du Haut commissaire des Nations unies pour les élections en Côte d’Ivoire, le Portugais Antonio Monteiro, révélées, hier dimanche 28 août sur les antennes de RFI.
 
L’élection présidentielle du 30 octobre en Côte d’Ivoire ne pourra pas se tenir, en raison de multiples obstacles rencontrés dans la mise en œuvre du processus électoral. Il s’agit, entre autres, du blocage du processus de désarmement, occupation du Nord du pays par la rébellion, l’ opposition et la rébellion ne croient pas à une élection crédible à cette date.
 
« LA DATE N’EST PAS L’ESSENTIEL »
 
«Je suis conscient qu’il y a encore d’énormes problèmes politiques à résoudre. Je sais qu’il y a des retards, du point de vue sécurité, du point de vue de l’identification, du point de vue désarmement. Mais, ce que je dis toujours, c’est qu’il faut commencer à travailler de façon simultanée. Comme je le dis toujours, il ne faut pas qu’une chose soit l’otage de l’autre. Une autre question très importante est la date des élections : il faut commencer à travailler. Cette date est moins importante. Ce qui est important, c’est de créer un climat susceptible de nous conduire à des élections justes, libres et démocratiques, et qui puissent être acceptées par tous….. C’est par là qu’on commence. Et après, on discute du reste, en toute franchise, en présence de tous les signataires des accords sur la Côte d’Ivoire », a expliqué sur les antennes de RFI, le haut représentant de l’Onu pour les élections, le Portugais, Antonio Monteiro.
Estimant que "les conditions d'un scrutin démocratique et transparent ne sont plus réunies", la rébellion des Forces Nouvelles (FN) - qui contrôle la moitié nord du pays – avaient exigé, le jeudi 25 août 2005, à l’issue d’un conclave sur l’évaluation du processus électoral, une "transition politique", excluant l'actuel chef de l'Etat ivoirien, et ne passant pas pour l'instant par une élection présidentielle.
Cette position a été soutenue, le lendemain vendredi 26 août par le Rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Dramane Ouattara, ancien Premier ministre et candidat déclaré à la présidentielle.
 
COALITION ANTI-30 OCTOBRE
 
Intervenant sur les ondes de Radio France internationale (RFI), le porte- parole de ce parti, Bacongo Cissé, a déclaré : «Nous considérons qu’à la date d’aujourd’hui, il est impossible d’organiser une élection présidentielle crédible, ouverte à tous, dont les résultats ne seront pas contestées, à la date du 30 octobre ». Pour lui, "l'ensemble de la classe politique doit avoir le courage de le dire, et le sens des responsabilités nécessaires pour l'affirmer".
 
Le parti de Henri Konan Bédié, ancien chef d’Etat déchu en décembre 1999, a embouché la même trompette, hier dimanche 28 août 2005. Intervenant à son tour sur RFI, son secrétaire général, Alphonse Djédjé Mady, a également estimé que les conditions d’une élection juste et libre n’étaient pas réunies. Et qu’il fallait s’asseoir, dès à présent, pour trouver la meilleure formule pour conduire la transition, qui va s’ouvrir après le 30 octobre.
La Côte d'Ivoire est coupée en deux depuis une tentative de coup d'Etat en septembre 2002 contre M. Gbagbo. Les élections ont été présentées par les différents accords de paix comme étant l’unique voie de sortie de crise.
Signe des tensions que connaît le pays en ce moment, le chef des forces loyalistes ivoiriennes, le général Philippe Mangou, a effectué cette fin de semaine une tournée "de sensibilisation" dans les casernes d'Abidjan pour "mobiliser les troupes contre toute imposture visant la déstabilisation de la Côte d'Ivoire".
Vicky Delore
 
ENCADRE
 
Laurent Gbagbo n’y croit plus
 
Le président ivoirien Laurent Gbagbo s'est prononcé, vendredi 26 août, en faveur d'un arbitrage international sur la question de la tenue de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire prévue le 30 octobre. "C'est la communauté internationale qui va trancher", a déclaré le président Gbagbo au cours d'une rencontre à Abidjan avec des représentants de la "jeunesse baoulé" dont des extraits ont été diffusés à la télévision nationale. "C'est l'ONU qui va trancher. C'est le médiateur sud-africain qui va trancher".
 
Une position qui tranche avec le discours tenu, le 7 août 2005, à l’occasion de la célébration des 45 ans d’indépendance de la Côte d’Ivoire. « Le 30 octobre nous irons aux élections. Coûte que coûte, nous irons aux l’élections.
Pour le moment c’est eux qui jouent, nous on regarde, on s’échauffe. Quand on va se mettre à jouer aussi on ira aux élections vite fait. Moi, je n’ai aucune inquiétude. Je suis serein, je suis tranquille parce que je sais qu’on va se réveiller le 1er novembre avec un jour nouveau, et les choses seront claires. Ou bien on va au second tour, c’est qu’on est déjà dans les élections, ou alors quelqu’un a gagné K.O ». 
 
Malgré tout, le chef de l’Etata invité "tous les jeunes de Côte d'Ivoire à aller se faire inscrire sur les listes électorales", à dire "qu'ils ont un candidat et à entrer en campagne"
Il s'agit de la première intervention publique du président ivoirien depuis les déclarations de l'ancien chef d'état-major des forces loyaliste, le général Mathias Doué, qui a menacé le 19 août de "faire partir" le président Gbagbo du pouvoir, "par tous les moyens".
V.D
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Le FPI dénonce la prolongation de «la partition du pays »
Le président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo, estime que le refus de la rébellion ivoirienne de "cautionner" l'élection présidentielle prévue le 30 octobre en Côte d'Ivoire n'était pas une "suprise"."Nous avons toujours affirmé que les Forces nouvelles sont des partenaires peu fiables dans le processus de paix", a déclaré Pascal Affi N'Guessan, qui a reproché aux FN d'user"du dilatoire pour prolonger la partition du pays et les souffrances des populations". Il a exigé une nouvelle fois le désarmement des rebelles, condition préalable à toute organisation d'un scrutin présidentiel. "Si nous ne parlons pas du désarmement d'abord, tout ce que nous allons dire sera de la pure spéculation", a-t-il expliqué.
V.D
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Une énième transition qui divise pouvoir et opposition
Quelle forme pourrait prendre la période de transition qui pourrait s’ouvrir à compter du 30 octobre 2005 ? Sur la question, pouvoir et opposition s’empoigne. Le camp présidentiel invoque l’article 39 de la constitution ivoirienne qui stipule : «Les pouvoirs du Président de la République en exercice expirent à la date de prise de fonction du Président élu, laquelle a lieu dès la prestation de serment ». Ainsi, selon le porte-parole de la présidence de la République et pour plusieurs pontes du parti au pouvoir, Laurent Gbagbo va rester chef de l’Etat, jusqu’à la prestation de serment du nouveau président Il ne saurait, par conséquent y avoir de vide constitutionnel.
Un concept dont l’opposition politique et armée a fait son cheval de bataille, depuis quelques mois. En effet, pour les adversaires de Laurent Gbagbo, la non organisation de la présidentielle dans « les délais constitutionnels ouvre la voie à une période de transition.
 
Pour la rébellion des Forces nouvelles, « il n’est pas possible d’envisager une transition avec Laurent Gbagbo, parce qu’il est le premier obstacle à la paix ». Une position que partage le RDR. "Il faut donc une transition, mais quelle transition?", a expliqué M. Bacongo.
"Nous devons réfléchir à une transition politique, pacifique, sans effusion de sang, et qui ne soit pas un remake de ce que nous avons vécu depuis la signature des accords de Linas-Marcoussis" (signés début 2003)", explique Bacongo Cissé, porte-parole de ce parti. 
«Le président a tellement multiplié les blocages du processus de paix, depuis la signature des accords de Marcoussis, dans ces conditions, comment pourrait-il conduire une transition ?», conclut-il.
 
Du côté du PDCI-RDA, tout en soutenant l’idée d’une transition politique, on se garde, cependant, d’en tracer les contours. Pour Alphonse Djédjé Mady, il urge que tous les acteurs se mettent ensemble, afin de trouver la formule adaptée à cette transition, qui devrait déboucher sur des élections libres, justes et transparentes.
 
Une position que partage, en partie, le Parti ivoirien des travailleurs (PIT), - signataire des accords de paix de janvier 2003 à Marcoussis - qui, tout en plaidant pour une transition, propose qu’elle soit conduite par l’actuel chef de l’Etat, Laurent Gbagbo.
 
V.D.
 
 
 
 

Publié dans crise ivoirienne

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